Citation

  • St. Godard, J-A, Lavalley, S. (2022). Analyse panoramique de la réparabilité au Canada. Association canadienne de normalisation, Toronto, ON.

Sommaire

Les modèles linéaires actuels de production et de consommation (c.-à-d. prendre, fabriquer et jeter) se sont avérés non durables. De nombreux produits sont conçus et utilisés en fonction d’une durée de vie limitée et d’une valeur décroissante, et les coûts environnementaux et sociaux ne sont pas pris en compte dans le prix d’achat. La réussite de l’économie canadienne basée sur les ressources dépend de la capacité de préserver la valeur de ressources limitées et du capital naturel. Une économie circulaire est fondée sur des modèles de production et de consommation, qui redéfinissent la valeur et comprennent la protection de l’environnement, le bien-être social et la santé économique. L’objectif principal d’instaurer une économie circulaire est de prolonger la durée de vie utile des produits et des matériaux qui leur sont propres [1].

La possibilité que représente la réparabilité – prolonger la durée de vie du produit, faciliter la réutilisation et empêcher la perte de biens utilisables et de leurs composants parce qu’ils ont été jetés – attire une attention importante à mesure que le Canada passe à une économie circulaire. Les processus de conservation de la valeur (PCV), qui comprennent la prise en charge directe de la réutilisation, de la réparation, du reconditionnement et de la refabrication, sont des activités essentielles qui doivent être priorisées et encouragées. Bien que la réparation des produits bénéficie à l’environnement et à l’économie au Canada et qu’elle présente des avantages considérables, il y a des obstacles à participer aux activités de réparation.

Ce rapport explore le panorama actuel de la réparation au Canada et présente un résumé des options d’intervention pour encourager l’augmentation de la participation aux activités de réparation et favoriser une meilleure réparabilité des produits. Cette recherche a été entreprise à partir d’une analyse documentaire et d’entrevues avec des experts du gouvernement, de l’industrie, du milieu universitaire et des organismes de défense des droits des consommateurs.

Quatre catégories de produits ont été sélectionnées pour cette recherche : l’automobile, l’équipement agricole, les électroménagers et les appareils électroniques grand public. Ces catégories représentent une vaste gamme de produits destinés aux consommateurs, où un meilleur accès à la réparation peut donner des résultats environnementaux, sociaux et économiques. De plus, ces catégories de produits sont souvent à l’avant-garde des mouvements du droit à la réparation, des modifications réglementaires et de l’élaboration de normes.

L’analyse documentaire et les entrevues avec les intervenants ont révélé que la réparation des produits est entravée par trois obstacles clés :

  1. Les perceptions des consommateurs et leur volonté de participer aux activités de réparation ;
  2. La disponibilité des outils, des pièces et des connaissances techniques pour effectuer les réparations ;
  3. Les obstacles techniques inhérents aux produits eux-mêmes.

Les interventions visant à améliorer la réparabilité comprennent l’élaboration de normes et les interventions réglementaires. Des outils conformes aux normes peuvent fournir une référence en matière de réparabilité d’un produit pour que les consommateurs puissent faire des choix éclairés au point de vente. Les normes peuvent également aider à soutenir la conception de produits qui tiennent compte des obstacles techniques à la réparation. Les interventions réglementaires peuvent aider à augmenter la réparabilité en réduisant les obstacles dans la conception des produits, en améliorant la protection du consommateur et en favorisant l’équité concurrentielle. Elles ont été introduites sur les plans international, national, provincial et territorial. Au Canada, le gouvernement fédéral a inclus des engagements visant à encourager et à faciliter la réparation dans des lettres de mandat au ministre de l’Environnement et du Changement climatique, au ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et au ministre des Finances [2].

S’attaquer aux obstacles existants et fournir des outils normalisés soutenus par des règlements peuvent encourager la réparation des produits et contribuer à faire progresser l’économie circulaire, ce qui se traduit par une efficacité accrue de l’utilisation des matériaux et de la consommation d’énergie, une réduction des émissions et des déchets, une croissance sur les marchés secondaires des produits qui auraient été jetés, ainsi que par un appui aux services de réparation, à la formation et aux solutions communautaires.