La transformation numérique dans l’industrie canadienne des actifs bâtis : Priorités en matière de politiques, de normalisation et d’orientations pour le BIM
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Comme pour tous les secteurs économiques du Canada, l’industrie des actifs bâtis, qui est responsable de la planification, de la conception, de la livraison, de l’entretien et de l’exploitation de l’environnement bâti du Canada, subit une transformation numérique. C’est l’occasion pour l’un des secteurs économiques les plus importants du Canada de révolutionner ses activités, ce qui lui permettrait de générer plus de valeur pour les Canadiennes et les Canadiens en s’attaquant aux crises environnementales, économiques et sociales actuelles. Cependant, mettre en œuvre cette transformation numérique et tirer parti de ses avantages posent des défis importants. La recherche menée pour le présent rapport a permis d’élaborer un cadre visant à cibler et à prioriser les ressources de connaissances précises afin de relever les défis et de soutenir l’industrie canadienne des actifs bâtis dans sa transformation numérique.
L’objectif principal de cette recherche était d’élaborer un cadre de transformation numérique pour structurer, articuler et prioriser les normes, les guides et les autres ressources (c.-à-d. les ressources de connaissances) nécessaires pour appuyer l’adoption et la mise en œuvre du building information modelling (BIM) au Canada. Les objectifs secondaires comprenaient la validation des défis, des besoins et des tendances actuels au sein de l’industrie concernant l’utilisation du BIM au Canada; l’examen des initiatives, des ressources et des outils existants autour du monde; la discussion de leur adaptation ou adoption; et, lorsqu’un besoin spécifique a été découvert, la proposition de pistes de développement. Pour atteindre ces objectifs, une méthodologie de recherche en trois volets a été choisie. Tout d’abord, 24 experts du domaine du Canada, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Australie ont été interrogés. Deuxièmement, une enquête a été menée afin d’élargir le bassin de répondants ayant trait à des questions précises concernant la normalisation et l’orientation du BIM au Canada. Enfin, un vaste examen des ressources disponibles en matière de BIM a été effectué, qui a recensé plus de 500 ressources importantes relatives à l’adoption et à la mise en œuvre du BIM aux fins d’examen. Les données ont été analysées au moyen de diverses méthodes qualitatives et quantitatives, y compris le codage inductif à l’aide d’un logiciel d’analyse de données qualitatives assisté par ordinateur et d’analyses statistiques. Cette analyse a donné lieu au cadre et à la liste des ressources de connaissances présentés dans le présent rapport. Deux ateliers ont également été organisés pour discuter et valider les conclusions.
Les résultats ont confirmé les défis majeurs auxquels l’industrie canadienne des actifs bâtis doit faire face pour amorcer et maintenir sa transformation numérique, en particulier en ce qui concerne l’adoption et la mise en œuvre du BIM. Ces défis se situent principalement dans trois domaines :
- le manque de demande constante de la part des clients;
- le manque d’aptitudes et de compétences appropriées; et
- l’incompatibilité des capacités et des flux de travail dans les chaînes de valeur des actifs bâtis.
Ces résultats soulignent l’absence d’un cadre opérationnel cohérent pour l’adoption et la mise en œuvre du BIM au Canada, dont les conséquences sont la fragmentation et le dédoublement des efforts et des ressources, ainsi que le potentiel de directives contradictoires dans ce domaine. Cela pourrait mener à des occasions manquées ainsi que du gaspillage de ressources, qui risquent d’avoir des impacts économiques, sociaux et environnementaux importants. En effet, bien que l’utilisation du BIM offre de plus en plus d’avantages tangibles aux parties prenantes partout au Canada, ces avantages sont localisés et asymétriques (p. ex., ils s’appliquent généralement à une seule organisation ou à un sous-ensemble de la chaîne d’approvisionnement). Essentiellement, l’absence de structure ou de stratégie globale entrave sérieusement la progression et le plein potentiel de la transformation numérique dans l’industrie canadienne des actifs bâtis.
Pour relever les défis et accroître l’ampleur et la portée des avantages économiques, sociaux et environnementaux, il faut élaborer une position canadienne en ce qui concerne les politiques et les normes en matière d’adoption et de mise en œuvre du BIM. Une telle position peut et devrait s’appuyer sur le travail important qui a été fait dans le monde entier pour normaliser et élaborer des directives pour les organismes gouvernementaux et les professionnels de l’industrie, à savoir la série ISO 19650. Bon nombre de ces ressources pourraient être adoptées ou adaptées au Canada. Toutefois, bien que bénéfiques, ces ressources seules ne permettront pas d’assurer l’adoption et la mise en œuvre réussies du BIM dans l’industrie canadienne des actifs bâtis. Elles doivent être promulguées et soutenues par des instruments de politique ciblés, qu’ils soient réglementaires, économiques ou autres, et par des voies de mise en œuvre claires dans le but de structurer et de guider la manière dont l’information est acquise, générée, échangée, traitée, gérée, et consommée tout au long du cycle de vie d’un actif bâti.
La recherche effectuée pour ce rapport a permis d’élaborer une proposition éclairée relative à la position du Canada sur l’adoption et la mise en œuvre du BIM dans l’industrie canadienne des actifs bâtis par l’élaboration d’un cadre opérationnel. De plus, grâce à cette recherche, un consensus s’est dégagé sur le rôle clé que les normes et les orientations ciblées doivent jouer pour aider l’industrie canadienne des actifs bâtis à aller de l’avant et à réussir son processus d’adoption du BIM. Les conclusions discutées dans le présent rapport présentent et hiérarchisent ces normes et ces ressources clés et les articulent dans le cadre plus large de la transformation numérique. L’accent est mis sur la relation entre les différentes parties du cadre et la façon dont elles sont soutenues par ces ressources.
Auteurs
- Erik A. Poirier, PhD, École de technologie supérieure
- Sheryl Staub-French, P.Eng., PhD, Université de la Colombie-Britannique
- Mark Whitell, MSc., AECO Innovation Lab
- Arash Shahi, ing., PhD, AECO Innovation Lab
- Nady Dadmehr, M. Sc, École de technologie supérieure
Comité consultatif
- Aubrey LeBlanc, L’Association des officiers en bâtiments de l’Ontario
- Basel Abdulaal, Alberta Health Services
- Brandon Searle, Off-site Construction Research Centre, Université du Nouveau-Brunswick et CanBIM
- Brittany Mendiuk, Alberta Infrastructure
- Imen Chikhi, Société québécoise des infrastructures
- Jason Santeford, Gensler
- John Hale, ministère de la Défense nationale et buildingSMART Canada
- Sonia Zouari, Services publics et Approvisionnement Canada
- Sarah Chung, Groupe CSA (chargée de projet)
- Jeff Menard, Groupe CSA (chargé de projet)
- Lauro Pilla, Groupe CSA
- Hélène Vaillancourt, Groupe CSA
Remerciements :
L'équipe de recherche tient à remercier toutes les personnes qui ont participé à ce projet de recherche et qui ont fourni leur temps précieux et leurs idées.
Clause de non-responsabilité
Cette étude a été produite par l’École de technologie supérieure, de l’Université de la Colombie-Britannique et AECO Innovation Lab et est la propriété de l’Association canadienne de normalisation. Elle vise à fournir de l’information de nature générale sur le sujet traité. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et des personnes interrogées. Les auteurs et l’Association canadienne de normalisation ne sauraient être tenus responsables d’aucune perte ni d’aucun dommage qui pourraient résulter de la confiance que vous accordez au contenu de cette publication ou de l'utilisation que vous en faites.
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